La hiérarchie chez le chien


Comprendre la hiérarchie chez le chien : Mythe vs Réalité

La notion de hiérarchie dans le comportement canin a longtemps été sujette à controverse. Certains pensent que les chiens cherchent à établir une structure sociale basée sur la dominance, tandis que d’autres remettent en question cette idée. En tant qu’éducateur canin et comportementaliste canin, il est essentiel de comprendre les tenants et aboutissants de ce concept pour mieux interpréter et traiter les comportements des chiens.

La réalité derrière la hiérarchie canine :

Pendant de nombreuses années, la notion de hiérarchie sociale basée sur la dominance a été largement acceptée comme une caractéristique fondamentale du comportement des chiens, en s’appuyant sur les observations des meutes de loups sauvages. Cependant, des études plus récentes ont remis en question cette idée et ont mis en lumière la complexité des relations sociales chez les chiens domestiques.

Contrairement à ce que l’on pensait auparavant, la structure sociale des chiens n’est pas nécessairement dictée par une lutte constante pour le statut de dominant. Au lieu de cela, les chiens peuvent adopter des comportements plus souples et flexibles en fonction de divers facteurs tels que l’environnement, les ressources disponibles et les interactions individuelles.

Dans les situations où les chiens vivent en groupe, qu’il s’agisse d’une famille humaine multichiens ou d’un environnement de garderie, des modèles de coopération et de tolérance peuvent être observés. Plutôt que de chercher à dominer les autres membres du groupe, les chiens peuvent souvent opter pour des stratégies de compromis et d’évitement pour résoudre les conflits.

De plus, la notion de dominance elle-même est devenue un sujet de débat parmi les experts en comportement animal. De nombreuses études ont montré que les tentatives de hiérarchiser les interactions entre chiens en termes de dominance peuvent être simplistes et ne reflètent pas toujours la complexité des relations sociales chez ces animaux.

En tant qu’éthologue canin, il est essentiel de reconnaître cette réalité plus nuancée de la hiérarchie canine. Plutôt que de chercher à imposer une structure de dominance rigide, nous devons adopter une approche plus flexible qui prend en compte les besoins individuels de chaque chien, ainsi que les dynamiques spécifiques à chaque groupe social dans lequel ils évoluent. Cela nous permet de mieux comprendre et de traiter les comportements problématiques chez les chiens de manière plus efficace et respectueuse.

Les implications pour les éducateurs canins, comportementalistes canins et les propriétaires de chien :

Comprendre que la hiérarchie chez le chien est plus complexe que simplement une lutte pour le pouvoir est crucial pour les professionnels travaillant avec des propriétaires de chiens. Plutôt que de se concentrer sur des notions simplistes de dominance, les éducateurs canins et comportementalistes canins doivent explorer les dynamiques sociales spécifiques à chaque chien et à chaque situation.

En reconnaissant que chaque chien est un individu unique, avec ses propres besoins, préférences et capacités, les éducateurs canins peuvent adapter leurs méthodes de formation et de gestion pour mieux répondre aux besoins spécifiques de chaque animal. Cela peut inclure l’utilisation de techniques de renforcement positif pour encourager les comportements souhaités, ainsi que la création d’un environnement sécuritaire et enrichissant pour favoriser le bien-être émotionnel des chiens.

De plus, les comportementalistes peuvent jouer un rôle crucial dans l’éducation des propriétaires de chiens sur la réalité de la hiérarchie canine et sur les meilleures pratiques pour favoriser des interactions positives entre les chiens et les humains. Cela peut inclure des conseils sur la socialisation précoce des chiots, la gestion des ressources et l’interprétation des signaux de communication canine pour éviter les conflits et favoriser une cohabitation harmonieuse. C’est pour cela que je tiens des conférences régulièrement afin de former les propriétaires ou futur propriétaires de chien à reconnaitre les signaux envoyés par nos chiens et pouvoir y répondre facilement et sans équivoque.

En adoptant une approche basée sur des preuves scientifiques et une compréhension approfondie du comportement canin, les éducateurs canins et comportementalistes canins peuvent jouer un rôle essentiel dans la promotion du bien-être des chiens et dans le renforcement des liens entre les humains et leurs fidèles compagnons à quatre pattes. En mettant l’accent sur le respect, la confiance et la compréhension mutuelle, ils peuvent aider à créer des relations solides et durables qui bénéficient à la fois aux chiens et à leurs propriétaires.

Stratégies pour aborder les problèmes de comportement liés à la hiérarchie :

Plutôt que d’adopter une approche axée sur la dominance, les éducateurs canins et comportementalistes canins peuvent aider les propriétaires de chiens en mettant l’accent sur des techniques de renforcement positif, la socialisation précoce et la gestion appropriée des ressources. Voici quelques stratégies spécifiques pour aborder les problèmes de comportement liés à la hiérarchie :

1. Renforcement positif : Encourager et récompenser les comportements souhaités chez les chiens est une approche efficace pour favoriser un comportement approprié. Utiliser des récompenses telles que des friandises, des jeux ou des éloges verbaux lorsque le chien se comporte de manière désirée renforce ces comportements et encourage une relation positive entre le chien et son propriétaire.

Imaginez deux chiens, Max et Bella, qui se disputent un jouet dans le parc. Ils commencent à grogner et à montrer des signes d’agressivité, ce qui pourrait facilement escalader en une confrontation physique. Voici comment vous pourriez désamorcer la situation :

  • Restez calme et intervenez rapidement : Il est important de garder votre calme pour éviter d’aggraver la situation. Intervenez dès que vous remarquez les premiers signes de tension entre les chiens. Plus vous intervenez tôt moins les chiens aurons eu le temps de se mettre en tension et plus ils seront réactifs à vos commandes
  • Utilisez des distractions : Au lieu de crier ou de paniquer, utilisez des distractions pour détourner l’attention des chiens de la source de conflit. Par exemple, vous pourriez secouer une friandise ou lancer un jouet loin des chiens pour les inciter à s’éloigner de la situation tendue. Cela ne fonctionne que si les chiens n’ont pas dépassé un certain seuil de tension.
  • Évitez les punitions mais pas les corrections: Évitez d’utiliser des méthodes punitives telles que crier, tirer constamment sur la laisse ou punir physiquement les chiens. Cela ne fera qu’aggraver la situation et peut renforcer les comportements agressifs à long terme. Ne confondez pas punition est correction. Une punitions est mal perçue alors qu’une correction fait comprendre au chien qu’il a mal agit. Cela lui permet d’apprendre à supprimer les mauvais comportements alors que la punition ne sert à rien. Prenons l’exemple d’un élève faisant des fautes dans une dictée. Si la maîtresse le met au coin (puinition) pour avoir fait des fautes il trouvera ça humiliant et ne progressera pas, pire il pourrait devenir introverti. Si au contraire elle raye les mots avec des fautes retire des points à chaque faute et réécrit le mot correctement (correction) , l’élève comprend pourquoi il a des points en moins et pourra progressé car on lui a montré la bonne manière d’écrire.
  • Récompensez: Récompensez le/les chiens seulement lorsqu’ils ont répondu aux commandes et pour avoir interrompu le comportement agressif. Récompensez le avec ce qui le motive le plus . Il n’y a pas que les friandises dans la vie, si votre chien adore le jeu alors proposez lui un jouet. Il aime les caresses? alors proposez lui une caresse, etc.
  • En mettant en œuvre ces stratégies et en travaillant en collaboration avec les propriétaires de chiens, les éducateurs canins et comportementalistes canins peuvent aider à résoudre les problèmes de comportement liés à la hiérarchie de manière positive et efficace. En mettant l’accent sur le renforcement positif, la socialisation précoce et la communication efficace, ils peuvent contribuer à créer un environnement harmonieux où les chiens et leurs propriétaires peuvent s’épanouir ensemble.

2. Socialisation précoce : Une socialisation adéquate dès le plus jeune âge est essentielle pour aider les chiens à développer des compétences sociales saines et à s’adapter à diverses situations et environnements. Les éducateurs canins peuvent conseiller aux propriétaires de chiots sur les meilleures pratiques de socialisation et les aider à exposer leur chien à une variété de personnes, d’animaux et de situations de manière positive et sécurisée.

On adopte un chien généralement vers l’âge de huit semaines. Pour assurer une socialisation précoce réussie, vous décidez de l’exposer à une variété d’expériences positives dès le début de sa vie avec vous. Ne cherchez pas à aller trop vite franchissez les étapes de manière graduelle. Si vous emmenez votre chiot dans un environnement très bruyant directement alors que l’élevage se situait à la campagne vous risquez de le traumatiser.

Vous organisez régulièrement des rencontres avec différentes personnes dans des environnements familiers et contrôlés. Ces interactions permettent à votre chiot de se familiariser avec les nouvelles personnes, de développer sa confiance et de renforcer les liens sociaux.

Lors de vos promenades quotidiennes, vous encouragez les rencontres avec d’autres chiens bien élevés. Ces séances de jeu supervisées offrent à votre chiot l’opportunité d’apprendre les codes sociaux canins et de développer ses compétences sociales.

Vous emmenez également votre chiot dans une variété d’environnements, tels que des parcs, des plages et des rues animées. Ces sorties lui permettent de découvrir de nouveaux sons, odeurs et textures, ce qui contribue à son développement sensoriel et à son adaptation à différents contextes.

Dans le cadre de sa socialisation, vous exposez votre chiot à une gamme d’objets et de sons courants, tels que des appareils électroniques, des jouets pour enfants et des véhicules. Vous observez attentivement ses réactions et lui offrez des encouragements positifs pour l’aider à surmonter ses peurs éventuelles.

Vous prenez également l’initiative d’emmener régulièrement votre chiot chez le vétérinaire et le toiletteur. Ces visites permettent à votre chiot de s’habituer aux manipulations physiques, aux examens médicaux et aux soins de toilettage, tout en renforçant son association positive avec ces environnements.

En mettant en pratique ces différentes expériences de socialisation, vous offrez à votre chiot les meilleures chances de devenir un chien bien équilibré, confiant et socialement adapté. Vous veillez à toujours respecter son rythme et à adapter les expériences en fonction de ses besoins individuels, tout en favorisant un environnement positif et sécurisé pour son développement. Certains chiots sont plus sensibles qu d’autres. Pour les plus sensibles il est conseillé de faire appel à un éducateur comportementaliste canin.

3. Gestion des ressources : Les conflits liés aux ressources, tels que la nourriture, les jouets ou l’espace, peuvent être une source de tension entre les chiens et leurs propriétaires. En enseignant aux propriétaires des stratégies de gestion des ressources, comme la pratique de la supervision lors des repas et la mise en place de routines claires, les éducateurs canins peuvent aider à prévenir les conflits et à promouvoir la paix à la maison.

Maintenant Max et Bella, se disputent fréquemment leur gamelle de nourriture. Pour gérer cette ressource de manière efficace et prévenir les conflits, vous pourriez mettre en œuvre la stratégie suivante :

Tout d’abord, créez un environnement calme et structuré pour les repas. Choisissez un endroit tranquille où les chiens peuvent manger sans être dérangés par d’autres animaux ou distractions.

Ensuite, établissez un horaire régulier pour les repas et respectez-le autant que possible. Les chiens apprécient la routine et sont moins susceptibles de se sentir stressés ou anxieux lorsqu’ils savent à quoi s’attendre. Cela ne signifie pas qu’il faut impérativement que les chiens mangent tout le temps à la même heure non plus, ça va encore dépendre de la sensibilité de votre chien.

Utilisez des gamelles séparées pour chaque chien afin d’éviter les conflits liés à la nourriture. Placez les gamelles à une distance suffisante l’une de l’autre pour que les chiens se sentent à l’aise pendant qu’ils mangent.

Envisagez d’introduire une commande de libération avant que les chiens ne commencent à manger. Par exemple, vous pourriez utiliser une commande comme « attends » ou « assis » pour indiquer aux chiens qu’ils doivent attendre votre signal avant de commencer à manger. Lorsque que vous les autorisez à aller dans leur gamelle faites bien attention à ce qu’ils y aillent doucement et pas comme des brutes. Cela renforce le contrôle que vous exercez sur l’accès à la nourriture et peut aider à prévenir les comportements agressifs liés à la nourriture.

4. Communication efficace : Apprendre à interpréter les signaux de communication canine est essentiel pour prévenir les conflits et favoriser des interactions positives entre les chiens et les humains. Les éducateurs canins peuvent aider les propriétaires à reconnaître les signes de stress, d’anxiété et d’agression chez leur chien, ainsi qu’à adopter des stratégies de communication non verbale pour renforcer le lien avec leur animal.

Les chiens communiquent principalement à travers leur langage corporel, et l’un des signaux les plus évidents est la position et le mouvement de leur queue. Voici quelques exemples de ce que la queue d’un chien peut signifier :

Une queue tenue haute et immobile peut indiquer que le chien est alerte, confiant et prêt à interagir. Cependant, si la queue est haute et raide et accompagnée d’autres signes de tension, comme des poils hérissés ou des grognements, cela peut indiquer de l’agressivité ou de la dominance.

Une queue basse ou repliée entre les jambes peut signaler que le chien se sent soumis, craintif ou anxieux. Cela peut se produire dans des situations nouvelles ou stressantes où le chien se sent menacé ou vulnérable.

Le mouvement de la queue peut également être significatif. Un balancement large et détendu de la queue peut indiquer que le chien est heureux et amical, tandis qu’un mouvement rapide et saccadé peut signaler de l’excitation ou de l’agitation.

Une queue entre les jambes avec un mouvement lent peut indiquer que le chien se sent soumis ou subordonné. Ce comportement peut se produire lorsqu’un chien rencontre un congénère plus dominant ou lorsqu’il est confronté à une situation intimidante.

Il est important de se rappeler que la communication canine est complexe et que les signaux doivent être interprétés dans le contexte global de la situation. De plus, tous les chiens sont individuels et peuvent avoir des variations dans leur langage corporel. Cependant, être attentif aux signaux de communication, tels que la position et le mouvement de la queue, peut aider les propriétaires de chiens à mieux comprendre les besoins émotionnels de leur animal et à réagir de manière appropriée pour favoriser une interaction positive. Souvent on me dit « il est content il remue la queue » mais vous voyez que les mouvements de queue peuvent à la fois être positifs et négatifs. Venez à mes conférences pour apprendre à décrypter ces signaux 😉

Conclusion :

Comprendre la hiérarchie chez le chien nécessite une approche nuancée et basée sur des preuves scientifiques. En tant qu’éducateurs canins et comportementalistes canins, notre rôle est d’aider les propriétaires de chiens à démystifier les idées fausses sur ce sujet et à adopter des méthodes de formation et de gestion basées sur le respect, la confiance et la compréhension mutuelle.

En reconnaissant que chaque chien est un individu unique, avec ses propres besoins, préférences et capacités, nous pouvons adapter nos approches pour mieux répondre aux besoins spécifiques de chaque animal. En mettant l’accent sur des techniques de renforcement positif, la socialisation précoce et la gestion appropriée des ressources, nous pouvons aider à résoudre les problèmes de comportement liés à la hiérarchie de manière positive et efficace.

En travaillant en collaboration avec les propriétaires de chiens et en les aidant à comprendre les dynamiques sociales spécifiques à leur animal, nous pouvons contribuer à établir des relations solides et durables basées sur le respect, la confiance et la compréhension mutuelle. En fin de compte, notre objectif est de favoriser le bien-être des chiens et de renforcer les liens entre les humains et leurs fidèles compagnons canins, afin que chacun puisse s’épanouir pleinement dans cette relation spéciale.

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